[Leçon inaugurale] Antoine Picon : L'ingénieur peut-il encore inventer l'avenir ?
Antoine Picon est directeur de recherche à l’École des Ponts ParisTech et professeur à la Harvard Graduate School of Design. Il est également membre de l’Académie des Technologies et président de la Fondation Le Corbusier.
L’ère industrielle avait vu la montée en puissance de la figure de l’ingénieur comme incarnation d’un progrès indissociablement technique et social. Les promesses de l’ingénierie semblaient échapper aux clivages idéologiques. Capitaliste ou communiste, on appréciait les réalisations des ingénieurs. Cet optimisme ne semble plus tout à fait de mise aujourd’hui car le progrès technique est loin de faire l’unanimité. L’accélération du changement climatique est venue amplifier les doutes. Plus généralement, l’ingénierie ne semble plus en mesure d’écrire l’avenir souhaité par des segments entiers de la population des pays développés sensibles aux thèmes de la nécessaire transition énergétique et de la décroissance. S’interroger sur son avenir, c’est accepter de se confronter à la question encore impensable il y a quelques décennies du bien-fondé du progrès.